L’actualité ornithologique est marquée par deux événements distincts mais significatifs : d’une part, un changement de nom symbolique pour une association américaine afin de promouvoir l’inclusivité, et d’autre part, une découverte scientifique majeure en Australie qui remet en question nos connaissances sur la détermination du sexe chez les oiseaux sauvages.

Une « Alliance pour les Oiseaux » remplace la Société Audubon

La Pomona Valley Audubon Society, une organisation bien connue des amateurs d’oiseaux, a officiellement changé de nom pour devenir la Pomona Valley Bird Alliance. Annoncée la semaine dernière, cette décision s’inscrit dans un mouvement plus large, plusieurs autres chapitres de la National Audubon Society ayant initié des démarches similaires.

Ce changement a été motivé par la prise de conscience récente des liens de John James Audubon, célèbre naturaliste et peintre, avec l’esclavage et son opposition à l’abolitionnisme. Un communiqué de presse explique : « Bien qu’Audubon soit l’auteur et l’illustrateur de l’œuvre fondamentale Les Oiseaux d’Amérique, certains de nos membres ont estimé que le fait de continuer à s’associer à son nom pourrait décourager de nouveaux arrivants. Le nouveau nom met l’accent sur l’inclusivité et un esprit d’accueil. »

Tina Stoner, présidente de la Pomona Valley Bird Alliance, a tenu à préciser que l’organisation restait un chapitre local de la National Audubon Society et que sa mission fondamentale — « promouvoir la protection, l’appréciation et la connaissance des oiseaux et de la faune par les loisirs, l’éducation et la conservation » — demeurait inchangée.

« Ce changement de nom était une étape importante, et nous étions déterminés à le gérer avec le plus grand soin », a-t-elle expliqué. « En tant qu’association entièrement bénévole, sans personnel rémunéré, nous avons pris le temps d’étudier les meilleures pratiques des autres chapitres qui avaient déjà effectué cette transition. Cela nous a permis de garantir que chaque étape, de la notification aux agences gouvernementales à la mise à jour de notre site web et de nos réseaux sociaux, soit réalisée correctement et en conformité avec les exigences légales. »

Une étude révèle des inversions de sexe chez les oiseaux sauvages

Parallèlement à ces évolutions sociétales, la recherche scientifique continue de dévoiler la complexité du monde aviaire. En Australie, des chercheurs ont mené une étude sur plusieurs espèces et ont découvert l’existence d’oiseaux sauvages ayant subi une inversion de sexe naturelle, un phénomène jusqu’alors peu documenté dans la nature.

L’étude s’est concentrée sur cinq espèces indigènes dont les mâles et les femelles sont morphologiquement identiques : le cassican flûteur (Gymnorhina tibicen terraereginae), le martin-chasseur géant (Dacelo novaeguinea novaeguineae), la colombine longup (Ocyphaps laphotes laphotes), ainsi que deux espèces de loriquets. L’apparence similaire des sexes rend leur identification sur le terrain très difficile sans un examen interne ou une analyse moléculaire.

En combinant des tests génétiques et des évaluations anatomiques, les scientifiques ont constaté qu’environ 5 % des oiseaux étudiés présentaient une inadéquation entre leur sexe génétique et leur sexe physique. Cette condition, connue sous le nom de discordance sexuelle ou d’inversion de sexe, a révélé des individus génétiquement femelles (avec des chromosomes ZW) mais présentant des caractéristiques de mâles et, dans deux cas, des mâles génétiques (ZZ) avec une apparence de femelle. Jusqu’à présent, la recherche sur ce phénomène se limitait principalement à des cas isolés chez des poulets domestiques ou des oiseaux aquatiques.

Cette découverte a des implications considérables. La capacité à identifier le sexe et le statut reproducteur des individus est cruciale dans de nombreux domaines de la biologie et de la gestion de la faune. Les modèles actuels de gestion des populations d’animaux sauvages supposent presque toujours que le sexe génétique et le sexe physique coïncident. Or, cette étude suggère que cette hypothèse n’est pas toujours valable. Bien que l’impact de cette inversion sexuelle sur la capacité de reproduction de ces oiseaux sauvages reste à déterminer, la présence d’individus sexuellement discordants pourrait affecter les estimations de la dynamique des populations, du succès reproducteur et des ratios sexuels. Ces travaux ouvrent ainsi la voie à de nouvelles recherches sur une flexibilité du développement sexuel bien plus grande qu’on ne le pensait auparavant.