Une Fashion Week milanaise sous le signe du changement

La Fashion Week de Milan Printemps/Été 2026, qui se tiendra du 23 au 29 septembre, s’annonce comme une édition stratégique pour plusieurs grandes maisons italiennes. Avec 55 défilés physiques et 4 présentations numériques au programme, l’événement reflète une industrie en mutation, portée par de nouveaux directeurs artistiques et des attentes commerciales élevées.

Parmi les moments phares, Gucci dévoilera mardi la première collection très attendue de Demna, censée relancer la marque après plusieurs trimestres de ventes décevantes. Simone Bellotti prendra les rênes créatives de Jil Sander dès le lendemain, tandis que Louise Trotter fera ses débuts chez Bottega Veneta samedi. L’absence remarquée de Versace, pourtant censée présenter la première collection de Dario Vitale, alimente les spéculations.

Tensions commerciales et relocalisation de la production

Parallèlement aux projecteurs braqués sur Milan, l’industrie de la mode fait face à de profondes transformations liées à la géopolitique économique. Une étude menée par le professeur Sheng Lu de l’Université du Delaware, en partenariat avec l’USFIA, révèle que les entreprises américaines du secteur adaptent leurs stratégies d’approvisionnement face aux droits de douane et aux politiques protectionnistes.

Selon ce rapport, près de la moitié des grandes marques de mode interrogées signalent une baisse de leurs ventes et plus de 20 % ont procédé à des licenciements. En réaction, plus de 80 % d’entre elles se tournent vers de nouveaux fournisseurs, principalement en Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam, au Bangladesh, au Cambodge et en Indonésie. Le retour au « Made in USA » reste marginal, avec seulement 17 % des entreprises prêtes à réinvestir dans la production nationale.

Conséquences pour les consommateurs : prix en hausse, choix en baisse

Ces ajustements se traduisent concrètement dans les rayons. Près de 70 % des entreprises ont dû annuler ou retarder des commandes en raison des hausses tarifaires. Les consommateurs pourraient donc être confrontés à une offre moins diversifiée et à des hausses de prix dès la prochaine saison des fêtes. Le phénomène de rareté pourrait concerner même les marques les plus établies.

La durabilité mise à mal par la crise

Alors que des millions de tonnes de vêtements finissent chaque année en décharge, les efforts en matière de développement durable sont également mis en pause. L’étude souligne une baisse des investissements dans les initiatives écologiques, la priorité étant aujourd’hui donnée à la gestion des coûts et à la survie économique. Un signal d’alarme pour une industrie qui peine à concilier rentabilité et responsabilité environnementale.